24 avril 2020

Premiers éléments de l’impact de la crise sanitaire covid-19 sur l’activité industrielle en France : la chimie, essentielle aux autres industries, résiste

Suite à la mise en place du confinement en France et dans le monde pour enrayer la propagation du coronavirus Covid-19, la baisse d’activité ressentie par l’industrie en France est très hétérogène selon les branches. C’est ce que révèlent les dernières évaluations conjoncturelles de l’Insee, confirmées par les appréciations des différentes fédérations professionnelles.

Pour endiguer la propagation rapide et croissante du coronavirus Covid-19 partout dans le monde, le Gouvernement en France comme dans de nombreux autres pays, a adopté des mesures de confinement des personnes. Elles ont entraîné des fermetures d’entreprises et limité les déplacements des personnes. En conséquence, l’économie française a enregistré de fortes contractions de la production industrielle, des dépenses de consommation des ménages, des investissements et du commerce international.

L’industrie est touchée par une baisse de la demande nationale et internationale, par des difficultés d’approvisionnements et par l’indisponibilité de sa main-d’œuvre. Toutefois, une forte disparité de situations d’activités apparaît entre les industries jugées essentielles pour la consommation et la santé notamment, et celles non autorisées à exercer car ne pouvant assurer la mise en place des mesures de protection de leur personnel.

Avec la diffusion progressive des indicateurs économiques depuis le début du confinement (mi-mars en France), l’ampleur de la chute liée au Covid-19 peut davantage se mesurer. Sur la base de sources « conventionnelles » mais aussi nouvelles1, l’Insee a pu affiner ses premières estimations de la fin mars 2020, et confirmer en date du 23 avril 2020 que l’économie française fonctionnait 35 % en-dessous de la « normale » dont -41 % pour le seul champ des services marchands.

En revanche, il semblerait que les pertes d’activité dans l’industrie et la construction soient moins fortes : -39 % dans l’industrie contre -43 % un mois auparavant et -79 % dans la construction contre -88 %. Une explication de cette légère amélioration serait le redémarrage de quelques activités de production et de chantiers, grâce notamment à la mise en place des mesures de protection sur sites.

Ces estimations d’activité, certes toujours très fragiles selon l’Insee, sont néanmoins en phase avec les premières remontées de demandes de mise en activité partielle, qui concernent selon la Dares désormais plus de 10 millions de salariés, soit environ la moitié des salariés du privé.

Enfin, elles sont d’une ampleur similaire à celles de la Banque de France qui indiquait au 8 avril 2020 que la perte d’activité dans l’ensemble de l’économie était de -32 %, de -44 % pour l’industrie et de -42 % pour les seules branches marchandes.

L’Insee rapport que le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie a chuté à 67 % en avril 2020, soit le plus bas niveau jamais observé depuis le début de cette série en 1976.

Cette chute a concerné tous les secteurs mais a été moins forte dans l’industrie agro-alimentaire où le taux d’utilisation des capacités était à 75 %.

D’après les remontées sectorielles des différentes fédérations professionnelles, le taux d’activité s’étend effectivement des secteurs les plus affectés par la baisse de la demande - l’automobile et le textile (respectivement à 10 % et à 33 %) - aux industries essentielles pour la santé, l’hygiène ou l’alimentation.

Source : Medef, enquête hebdomadaire auprès des fédérations professionnelles, au 20 avril 2020

Dans cet ensemble, la chimie en amont de tous les secteurs économiques a pu maintenir un taux d’activité supérieur à la moyenne de l’industrie manufacturière, répondant à la demande en produits essentiels. Selon l’enquête de France Chimie et de ses fédérations et secteurs associés, le taux d’activité de la chimie est évalué mi-avril à 73 %, la baisse de la demande de l'automobile, du bâtiment et de l'aéronautique étant partiellement compensée par la hausse des débouchés dans l'agroalimentaire, l'hygiène et la santé.

Enfin, l’activité du bâtiment s’est encore plus dégradée, de -75 % en moyenne, avec la mise à l’arrêt partiel ou total, au début de la période de confinement de nombreux chantiers. Dans les services, la situation est aussi sévère avec des chutes importantes dans l’hébergement et la restauration, tandis que les services aux entreprises - dont l’informatique - ont mieux résisté.

Pour son projet de loi de finances rectificative pour 2020, le gouvernement a ainsi revu son scénario macroéconomique de cadrage en tenant compte de la date de sortie du confinement. La récession économique de la France est ainsi estimée à -8 % en 2020, avec un déficit et un endettement publics de respectivement 9 % et 115 % du PIB. Il a en conséquence réévalué son plan d’urgence économique à plus de 110 milliards d’euros contre 45 milliards initialement.

Le Haut conseil des finances publiques (HCFP) a toutefois alerté le gouvernement que la chute d’activité pourrait dépasser cette estimation de -8 % en 2020 si l’activité ne retrouvait pas rapidement son niveau normal et si les mesures pour préserver l’appareil productif étaient insuffisantes.

Pour aller plus loin :

1  Groupement Cartes bancaires CB, la Direction générale des entreprises, SNCF Réseau, RTE, la direction de la stratégie, des études et des statistiques de la CNAM, France Industrie, Réxecode, les services du Medef, la Fédération des industries mécaniques.

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