Bilan de l’ANSES sur la contamination aux PFAS et recommandations en vue de leur surveillance

Bilan de l’ANSES sur la contamination aux PFAS et recommandations en vue de leur surveillance Bilan de l’ANSES sur la contamination aux PFAS et recommandations en vue de leur surveillance L’Anses a compilé et exploité les données de contamination aux PFAS disponibles en France dans l’ensemble des milieux de l’environnement, dans l’alimentation, les produits de consommation, les populations, etc. Cet état des lieux permet de proposer des stratégies de surveillance adaptées à ces substances persistantes. L’ANSES émet également des recommandations de PFAS à surveiller chez l’homme (biosurveillance), et dans le lait maternel en particulier. Toutefois, la question de l’exposition aux PFAS en milieu professionnel est encore à l’étude, faute de données disponibles. Une enquête est toujours en cours à l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS). Enfin, l’ANSES préconise d’étendre l’acquisition de données d’occurrence dans : les boues de stations d’épuration urbaines ; les produits destinés à un apport aux sols notamment en contexte agricole (compost, digestats, boues résiduaires, cendres et autres matières valorisées...) ; les émissions atmosphériques en prenant en compte les phases gazeuses et particulaires ; les matériaux au contact des denrées alimentaires, matériaux au contact de l’eau ; (MCDA/MCDE), les matériaux de construction et produits de consommation. Outre la question de la surveillance, ce rapport de l'Anses revient sur la disponibilité de valeurs guides sanitaires (VGS) élaborée à partir des VTR disponibles en proportion d’une consommation d’eau durant la vie entière. Sur les 20 PFAS réglementés actuellement dans les EDCH, l’ANSES n’a été en mesure d’élaborer des VGS que pour les 3 substances suivantes du tableau ci-dessous : PEBA, PFHxA, 6 :2FTSA L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a priorisé des listes de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) à surveiller. Ce travail a été réalisé grâce à un nouvel outil élaboré pour catégoriser les PFAS en fonction de trois types de surveillance : Surveillance pérenne pour les substances d'intérêt les plus préoccupantes et récurrentes, au moyen de la mise à jour des plans de surveillance nationaux et européen ; Surveillance exploratoire pour les substances pour lesquelles nous avons peu de données d'occurrence, et afin de voir s’il est pertinent de les intégrer à la surveillance pérenne ; Surveillance localisée pour les cas de contaminations historiques et localisées. La méthode proposée est basée sur le croisement de deux critères : la présence des PFAS dans les différents compartiments et le niveau d'informations disponibles sur leur toxicité pour la santé humaine (l’écotoxicité est considérée dans une moindre mesure). Score de toxicité élaboré en tenant compte de l’existence d’une Valeur Toxicologique de Référence (VTR), d'une évaluation cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques (CMR), d'une classification du potentiel Perturbateur Endocrinien et de données d'écotoxicité. Ces données sont reprises des dossiers d’enregistrement REACH (> 10 tonnes/an), mais aussi de diverses autres bases/instances (NORMAN, CIRC, US EPA, etc). Scores d’occurrence : critères relatifs aux données de la littérature et aux bases de données existantes (abondance de la littérature sur chaque PFAS), critères sur le degré d’ubiquité de la substance dans l’environnement et relatifs aux sources de contamination. Avec cette approche, l'Anses a catégorisé 247 PFAS au total. L’agence recommande en particulier un suivi pérenne de 25 substances dans les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), dont l’acide trifluoroacétique (TFA). Voici dans le détail les préconisations pour les compartiments suivants : Eaux souterraines (ESO) Eaux de surface (ESU) telle quelle “eau”, et dans la Biote (i.e. la flore et la faune), les sédiments Eaux conditionnées Eaux distribuées Eau de Mer, Biote Eau de Mer, telle quelle “Eau” Mer, Sédiments En effet, la disponibilité des données de caractérisation des dangers (éco)toxicologiques reste limitée. C’est pourquoi le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) recommande, en complément de la limite de qualité de 100 ng/L pour la somme des concentrations des 20 PFAS issus de la directive eau potable , et dans l’attente de propositions de VGS de l’Anses, de retenir en plus, la valeur seuil provisoire de 20 ng/L pour la somme des concentrations des 4 PFAS (PFOA, PFOS, PFNA et PFHxS) dans les EDCH et les eaux minérales naturelles à usage de boisson. En parallèle, l’EFSA avait établi en 2020 une dose hebdomadaire tolérable dans l’alimentation (y compris l’eau) égale à 4.4 ng/kg de poids corporel par semaine pour la somme de ces 4 mêmes PFAS. L’Agence souligne par ailleurs le besoin d’actualiser ses évaluations dès parution de nouvelles données, en particulier pour des substances prioritaires, telles que les PFAS à chaîne courte persistant dans les milieux résultants après la dégradation d’autres PFAS, renforçant leur niveau de priorité dans le cadre des surveillances. Néanmoins, une extension de la surveillance à de nombreux PFAS supplémentaires peut être hasardeuse alors que la disponibilité de valeurs sanitaires reste limitée, au risque de manquer d’éléments de réponse sur un éventuel risque sanitaire au cas où ces PFAS seraient détectées. Enfin, l’Agence préconise une approche globale et cohérente de la surveillance des contaminants chimiques. Plutôt que de se concentrer uniquement sur certaines familles de substances telles que les PFAS au gré des priorités conjoncturelles, en particulier médiatiques, il serait pertinent de développer des stratégies intégrées d’évaluation et de gestion des risques, tenant compte à la fois du danger intrinsèque des composés, de leur présence dans les compartiments, et de l’exposition réelle des populations. Contact : Thomas Léopold, France Chimie